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19/05/2009

_Storm warnings : Science fiction confonts the future_

Storm warnings : Science fiction confonts the future : George E. SLUSSER & Colin GREENLAND & Eric S. RABKIN (éditeurs) : Southern Illinois University Press (série Alternatives) : 1987 : ISBN-10 0-8093-1376-6 : 278 pages (y compris index) : une vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

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Cet ouvrage fait partie de la série des recueils des minutes de la J. Llyod Eaton Conférence. Il s'agissait là de la 6ème édition de ce rassemblement d'universitaires, édition qui a eu lieu en 1984 et qui avait la particularité, cette année là, de se tenir en deux lieux différents, aux USA et en Grande-Bretagne.

D'une façon peu surprenante (vu l'année) l'essentiel des 17 essais (de 10 à 25 pages) rassemblés tourne autour de 1984 (le livre) et d'une façon plus générale autour de l'utilisation du futur à des fins autres que de distraction.

1984 (Penguin 1971).jpg

Comme d'habitude, les auteurs des essais se répartissent dans les trois catégories usuelles, les auteurs de fiction (ici Pohl, Benford, Greenland ou Hendrix), les habitués (les deux éditeurs, McConnell) et les "intérimaires". En matière de "guest stars" on notera que la participation francophone est confiée à Marie-Hélène Huet et la lusitanophone à José Manuel Mota.

Ce livre sera certainement indispensable aux spécialistes d'Orwell mais il risque de laisser l'amateur de SF "généraliste" sur sa faim. En effet, on pourra trouver que les textes sur 1984 sont de bonne facture avec une mention à une critique assez féroce de Pohl sur les limites de ce roman comme ouvrage de SF et comme oeuvre littéraire tout court. Par contre, le reste du livre est assez insipide ou peu inspiré avec des essais très disparates qui abordent successivement des sujets aussi variés que les utopies, les aliens, l'apocalypse au sens religieux du terme, l'inconnu chez Heinlein et Lem.

Time enough for love (Berkley 1974).jpg

Ce côté pêle-mêle, s'il est parfois sympathique dans un autre contexte, ne procure ici qu'une vague sensation d'ennui et donne un ouvrage sans grand relief, si ce n'est le texte polémique de Benford sur les "utopies réactionnaires". Un des moins intéressants ouvrages de cette série.

Note GHOR : 1 étoile

18/05/2009

_The angle between two walls : The fiction of J. G. Ballard_

The angle between two walls : The fiction of J. G. Ballard : Roger LUCKHURST : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies") : 1997 : ISBN-10 0-85323-831-6 : 213 pages (y compris index et bibliographies) : une vingtaine d'Euros pour un TP (existe aussi en HC pour 40 GBP).

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Avant que Ballard ne soit à la mode et qu'il ne tente par tous les moyens de renier la collante étiquette d'écrivain de SF, c'est quand même au sein du genre que les premières études sérieuses sur son oeuvre ont été menées. On peut même remonter 1979 pour l'opus de Pringle paru chez Borgo. C'est ici Roger Luckhurst, un professeur de littérature anglais et spécialiste du genre (on lui doit aussi un ouvrage général : Science fiction paru chez Polity Press) qui nous livre son analyse de l'oeuvre de Ballard.

Earth is the alien planet.jpg

Cet ouvrage est organisé en cinq chapitres principaux (dont certains ne sont pas inédits) qui se divisent ensuite en unités plus petites. Après une introduction qui pose les grandes questions auxquelles Luckhurst souhaite apporter des réponses, on trouve les parties suivantes :

- "J. G. Ballard and the catastrophe of genre" est le chapitre qui traite des rapports de Ballard avec la SF (et l'inverse), de la ghettoïsation habituelle des écrivains associés au genre et de la détermination du cadre de référence dans lequel il est souhaitable de lire Ballard.

- "The genre of catastrophe" regroupe, comme il est d'usage, les quatre premiers romans de Ballard, les fameux romans-catastrophes qui ont fait sa célébrité au sein du genre.

- "The atrocity exhibition and the problematic of the avant-garde" se penche sur ce fameux texte et élargit le débat sur le côté avant-gardiste de Ballard, tant au sein de la SF que vis-à-vis du mainstream.

Le salon des horreurs (Lattès 1981).jpg

- "Mediation, simulation, recalcitrance" analyse les oeuvres plus récentes de Ballard avec une attention particulière aux textes adaptés dans d'autres médias comme Crash.

- "The signature of J. G. Ballard" essaie de capturer la singularité de l'écriture ballardienne avec un focus sur les récits à base autobiographique et sur Vermilion sands.

Le livre se termine par une courte bibliographie primaire, une copieuse bibliographie secondaire et un index.

Vermilion sands (LDP 1979).jpg

N'étant pas un client régulier du Ballard de la période expérimentale ou autobiographique (en livre ou au cinéma), je ne suis pas le plus à même d'apprécier un tel ouvrage qui traite essentiellement d'un matériau qui m'est peu connu.

C'est pourtant un ouvrage séduisant avec un premier chapitre assez pertinent sur les mécanismes de distanciation vis-à-vis du genre que l'on a vu et l'on voit toujours à l'oeuvre dès que certains auteurs commencent à accéder à la renommée littéraire (les noms de Vonnegut, Bradbury et bien sûr récemment Ballard lui-même viennent à l'esprit), un deuxième chapitre somme toute assez classique puisque recreusant des sillons fort fréquentés et une dernière partie plus "technique" qui montre une certaine originalité dans sa quête de la voix Ballardienne.

Un livre qui parlera surement plus aux connaisseurs de Ballard qu'à moi.

Note GHOR : 1 étoile

06/05/2009

_All our yesterdays : An informal history of science fiction fandom in the 1940s_

All our yesterdays : An informal history of science fiction fandom in the 1940s : Harry WARNER Jr. : NESFA Press : 2004 : ISBN-10 1-886778-13-2 : 299 pages (y compris index, glossaire et paratexte divers) : une trentaine d'Euros pour un HC avec jaquette qui s'achète chez l'éditeur (www.nesfa.org/press/).

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Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage est une histoire du fandom des années 40. Il se place donc chronologiquement avant A wealth of fable (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/02/17/a-wealth-of...) qui couvrait les années 50. Divers éléments permettent de préciser qu'il s'agit là de la réédition d'un ouvrage de 1969 auquel l'équipe de la NESFA n'a apporté qu'un minimum de corrections. Par contre, elle a ajouté nombre de photos d'époque, tant des personnages évoqués que de copies de documents (fanzines, affiches, couvertures).

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Le plan de l'ouvrage est assez complexe puisqu'il semble à première vue être divisé en une dizaine de parties mélangeant une approche soit chronologique (les fans dans la 2GM), soit géographique (les fans par région ou pays où l'on peut même croiser Georges H. Gallet), soit thématique (les APA, les conventions). On s'aperçoit en réalité que le mode d'organisation principal de ce livre est basé sur une suite de bibliographies des principaux fans (une cinquantaine), la fusion de cet ensemble de destins individuels donnant une vue globale des débuts du fandom.

Il s'agit là bien évidemment d'un témoignage de première main mais dont il faut se rappeler qu'il a été rédigé des années après. Il sera donc utile de prendre avec des réserves la relation de certains faits par Warner puisque d'autres sources peuvent différer. Cet ouvrage est toutefois une véritable mine d'anecdotes sur des gens dont certains deviendront des acteurs majeurs du genre ou sur des affaires (le mystère Shaver par exemple) qui pourraient paraître ridicules mais dont les répercussions seront importantes.

Fantasy commentator Spring 1953.jpg

En tout cas cette plongée dans le temps montre que le fandom (de SF ou autre) reste toujours le même. Les outils changent, les personnes vont et viennent, le genre lui même évolue mais la passion est toujours là avec son cortège d'amitiés fidèles ou de haines tenaces, ses monuments, ses complots, ses vengeances ou ses triomphes. Tous ces gens ont beaucoup donné de leur temps, de leur énergie ou de leur argent pour un genre en lequel ils croyaient, ce livre est un juste hommage qui leur est rendu.

Parfois un peu embrouillé, ce témoignage ne peut que passionner la (petite) frange des historiens du genre, les autres y gagneront un aperçu de cette bizarre sous-culture d'une sous-culture.

Note GHOR : 1 étoile

30/04/2009

_Who shaped science fiction ?_

Who shaped science fiction ? : Robert SABELLA : Kroshka Books : 2000 : ISBN-10 1-56072-520-6 : 281 pages (pas d'index, bibliographie secondaire) : une vingtaine d'Euros en neuf pour un HC.

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Pour cet ouvrage, l'auteur est parti d'une idée très originale. Plutôt que de faire une n-ième liste des 100 meilleurs auteurs ou des 50 meilleurs livres ou des 350 meilleures nouvelles, pourquoi ne pas essayer de déterminer quels ont été les 100 personnages les plus influents de la SF, sachant qu'il s'est délibérément restreint à une perception américaine du genre. Histoire de corser la difficulté, Sabella a en plus décidé de classer ces 100 acteurs du genre par influence décroissante.

Ces principes nous donnent donc un ouvrage au schéma assez simple. Il y a exactement 100 articles classés par ordre d'importance, du premier et plus important (John W. Campbell) au centième (Kim Stanley Robinson). Chaque entrée consiste en une mini-biographie de la personne (entre une et deux pages) suivi d'une mini-chronologie (une demie-page). La biographie est clairement orientée afin de permettre au lecteur de comprendre pourquoi son sujet est crédité d'une influence sur le genre. Sabella inclut dans ses 100 sélectionnés des auteurs (la grosse majorité), des éditeurs, des rédacteurs en chef, des cinéastes ou des hommes de télévision, assurant ainsi une couverture large du genre. En seule annexe, on notera la présence d'un bibliographie secondaire squelettique (voir plus bas).

La machine suprême (RF 1963).jpg

Ma première réaction à ce livre a été de trouver l'idée excellente, particulièrement originale et courageuse, la plupart des best-of de ce type n'osant jamais aller jusqu'au classement réel.

Bien sûr, on pourra toujours discuter justement de ce classement dont je vous livre les dix premiers : 1) Campbell, 2)Wells, 3)Heinlein, 4) E. R. Burroughs, 5) Gernsback, 6) E. E. Smith, 7) Verne, 8) Stapledon, 9) Wollheim et 10) Clarke. En ce qui me concerne, je le trouve parfaitement cohérent avec la perception du genre (de son histoire, de ses mouvements ou de ses fondateurs) telle qu'elle est aux USA. Par exemple, à la différence de la France, les éditors y ont été beaucoup plus influents (on en trouve logiquement trois dans les dix premiers). On peut aussi noter l'ombre de RAH et d'auteurs prisés des américains. On sera donc surpris si l'on compare avec la situation de la SF traduite en francophonie de ne trouver Dick qu'en 15ème place, Van Vogt en 69ème et Vance en 70ème alors que leur influence sur le genre est, chez nous, nettement plus marquée.

Le dieu venu du Centaure + bandeau (OPTA 1974).jpg

Je suis nettement plus dubitatif en ce qui concerne les entrées elles-mêmes. Pour être franc, elles m'ont fait l'impression, à la lecture, de n'être constituées que de collages de divers éléments d'analyse ou biographiques pris çà et là dans une minorité d'ouvrages de référence. Cette regrettable impression est hélas confirmé par la bibliographie des ouvrages utilisés qui se réduit à une petite demie-douzaine d'ouvrages (le C&N, Trillion year spree, le 20th century SF writers de Curtis Smith et les oeuvres complètes de Sam Moskowitz). Les notes relatives à chaque article confirment d'ailleurs le fait que quasiment aucune autre source n'a été utilisée.

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Même si ces sources sont généralement excellentes (on mettra un bémol pour les Moskowitz), je trouve un peu dommage que Sabella ne soit pas allé plus loin que la paraphrase. Il ne manque pourtant pas d'ouvrages pointus sur ces cent personnes, ouvrages qui auraient pu permettre à l'auteur (s'il les avait synthétisés) de faire la différence en apportant sa propre analyse.

Au final un ouvrage décevant (il y a aussi quelques erreurs comme le fait de parler à longueur de livre de Brian STAPLEFORD) gâchant une bonne idée par une réalisation trop superficielle même si son classement est parfaitement valable. Il peut être utilisé pour faire découvrir rapidement les principaux acteurs du genre mais n'est pas assez fouillé pour permettre d'aller beaucoup plus loin.

Note GHOR : 1 étoile

01/04/2009

_The science of fiction and the fiction of science_

The science of fiction and the fiction of science : Collected essays on SF storytelling and the gnostic imagination : Frank McCONNELL (rassemblés par Gary WESTFAHL) : McFarland (série "Critical explorations in SF&F" #12) : 2009 : ISBN-13 978-0-7864-3722-1 : 222 pages (y compris diverses bibliographies et index) : une trentaine d'Euros pour un TP neuf.

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Cet ouvrage rassemble principalement les essais présentés par Frank McConnell lors des "Eaton conferences", un rassemblement annuel d'universitaires autour de la SF. Frank McConnell était un professeur de littérature américain (il est décédé en 1999) et surtout l'un des premiers membres du corps académique à s'être intéressé à la SF pour en dire autre chose que du mal.

Invité régulier et figure marquante des Eaton conférences, ses interventions étaient fort prisées et ont été compilées par Westfahl afin de rendre hommage à leur auteur.

Tout d'abord, on trouve donc dans ce livre 16 essais d'une dizaine de pages chacun correspondant à autant de présentations dont la plupart (toutes ?) ont déjà été publiées dans les divers ouvrages qui compilent les minutes de ces conférences (une bonne partie ayant été évoquée sur ce blog).

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Même si les conférences avaient chacune un théme imposé (la nourriture, les aliens, la médecine...), McConnell poursuivait dans son style si particulier (passant du coq à l'âne, de La créature du lagon noir à Derrida, de Peanuts à Levi-Strauss) l'approfondissement de ses théories sur la SF. Tout d'abord, il trouvait la notion de genre était inutile, au sens que la seule différence faisable était entre bons et mauvais textes. Ensuite, si on le poussait dans ses derniers retranchements en faisant quand même référence à la SF comme un genre, il la voyait comme l'expression moderne du Gnosticisme (l'idée que nous sommes prisonniers de nos corps et d'un monde imparfait).

Ces textes de McConnell sont suivis de quelques pages d'appréciations posthumes par divers universitaires liés au genre (Benford, Slusser, Rose, Rabkin...) et d'une bibliographie complète (essentiellement des essais et quelques fictions policières).

Je ne voudrais pas passer pour un insensible après la lecture des témoignages si émouvants et si laudatifs de la dernière partie de l'ouvrage, mais la lecture de la prose de McConnell telle qu'elle rassemblée ici me donne une autre vision, moins admirable.

Hard science fiction.jpg

Il m'apparait en fait comme un type de personnage assez classique, celui d'un homme d'une grande culture (capable de citer de tête de nombreux auteurs et de bâtir un discours vraiment multimédia) et d'une grande intelligence, mais qui a choisi d'amuser la galerie plutôt que parler théorie. Une sorte de brillant excentrique capable de mettre les rieurs de côté par des positions outrées ("la SF ça n'existe pas") et de faire le spectacle en racontant ses chutes dans les parkings.

On trouve des gens qui jouent ce rôle dans toutes les conventions et c'est tant mieux parce que leur 'show' vaut toujours le déplacement, on y rit beaucoup et on y est amené à parfois se poser des questions pertinentes.

Hélas, ce genre d'intervention, quand elle devient une méthode systématisée passe difficilement la barrière de l'écrit. C'est le cas ici où la réunion de tant de textes coulés dans le même moule n'est pas flatteuse pour l'auteur.

Outre le fait que la SF ne soit que peu présente dans les discours de McConnell (gênant pour un ouvrage paru dans une collection qui s'intitule "Critical explorations in SF&F"), la juxtaposition des essais fait ressortir les redites (des citations reprises d'une année sur l'autre), les tics de langage et les obsessions (comme la haine de l'école littéraire Française). Surtout, la lecture à tête reposée rend nettement moins sensible au côté pyrotechnique de l'auteur qui apparaît justement comme ce qu'il est, une technique. La trentième mise en relation pseudo-sérieuse de Calvin & Hobbes et Camus ou de la poupée Barbie et Sigmund Freud (ce sont des exemples pris au hasard) n'arrive guère plus qu'à arracher un vague sourire au lecteur.

Attack of the deranged mutant killer monster snow goons.jpg

A cela s'ajoute le fait que l'idée de la SF comme littérature gnostique, le seul vrai apport de l'auteur et probablement le seul sujet qui aurait mérité une analyse approfondie, est presque seulement mentionnée "en passant". Contrairement à ce que pourraient laisser croire le sous-titre du livre, l'introduction et la quatrième de couverture, il n'y a pas plus d'une demi-douzaine de pages sur le sujet.

Il est dommage que la volonté de rendre hommage à l'un des leurs, même s'il était un homme formidable, ait conduit les universitaires proches de la SF à cautionner un tel ouvrage. Les essais de McConnell sont certes aimables, érudits et parfois amusants mais il y a tromperie sur la marchandise puisque ce n'est pas un ouvrage de réflexion sur la SF (ou si peu). A trente euros la plaisanterie, cela fait un peu cher même si certains essais (les premiers par exemple, sur le cinéma ou Wells) montrent un auteur plus focalisé sur l'étude du genre et donc plus percutant.

Note GHOR : 1 étoile